Plongée dans l’univers des fourmis Messor : élevage et vie des granivores françaises
- Giga Fourmis
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Dernière mise à jour : il y a 1 heure
Les fourmis du genre Messor, communément appelées fourmis moissonneuses, sont parmi les plus captivantes à observer, que ce soit dans la nature ou en élevage. Leur comportement unique, leur régime alimentaire principalement granivore et leur polymorphisme marqué en font des candidates idéales pour les passionnés de myrmécologie.
En France, j’ai l’impression que plusieurs espèces de Messor se distinguent, notamment Messor barbarus, Messor structor et Messor capitatus. Dans cet article, je vous emmène à la découverte de ces espèces, de leur vie en milieu naturel et des joies de leur élevage. En tant qu’éleveur de Messor barbarus et Messor structor, je partage mon expérience personnelle, agrémentée de photos de mes colonies. Notez que je n’élève plus de Messor capitatus, donc je ne pourrai pas inclure de photos de cette espèce, mais je vous en parlerai tout de même !

Le genre Messor : une Introduction aux fourmis moissonneuses
Le nom Messor vient du latin messis, signifiant « moisson », une référence directe à leur comportement de collecte de graines. Ces fourmis, appartenant à la sous-famille des Myrmicinae, se distinguent par leur régime alimentaire principalement granivore, qu’elles complètent avec des insectes ou des fruits mûrs à l’occasion.

Contrairement à d’autres genres, les Messor ne pratiquent pas la trophallaxie (échange de nourriture liquide entre individus) en raison de l’absence de jabot social, qui est un espèce de deuxième estomac qui permet aux fourmis de stocker de la nourriture dans leur corps et de la redistribuer au besoin. Leur organisation sociale repose sur un système de prédigestion des graines, transformées en une sorte de « pain » nutritif qu'on appelle le pain de fourmis.

En France, six espèces de Messor sont recensées : Messor barbarus, Messor structor, Messor capitatus, Messor bouvieri, Messor minor et Messor wasmanni (cette dernière étant exclusive à la Corse). Dans cet article, je me concentre sur les trois premières, plus courantes en élevage.
Messor barbarus : la star des éleveurs

Messor barbarus est sans doute l’espèce la plus populaire parmi les débutants en France, la plupart des novices qui me contactent me disent avoir acheté cette espèce ! Est-ce une bonne ou une mauvaise idée de débuter avec cette fourmi ? Je vous donne mon avis un peu plus bas.
Originaire du pourtour méditerranéen, elle est abondante dans le sud de la France, mais absente en Corse. Dans la nature, ces fourmis noires à tête rouge forment des pistes impressionnantes vers leurs zones de fourragement, souvent si fréquentées qu’elles dégagent la végétation et trace des routes bien visibles à l’œil nu. Leur régime granivore les pousse à collecter des graines de graminées, qu’elles stockent dans des greniers souterrains qu’elles reproduisent en élevage.

En élevage, Messor barbarus est un régal à observer. Mes colonies commencent à avoir un comportement dynamique, à partir de 100-150 ouvrières on sent qu’elles deviennent moins farouche, avant ça les sorties du nid sont plus discrètes et se font plutôt de nuit, donc pas d’inquiétudes si vous ne voyez pas vos fourmis sortir comme expliqué dans cet article.


Les majors, avec leur tête rougeâtre et leurs mandibules imposantes, broient les graines avec force, tandis que les minors et medias s’affairent au transport et à la fabrication du pain. Les médias arrivent assez tôt, en général vers 20-30 ouvrières, et ça arrivent souvent que vous les confondiez avec des majors, le premier major arrive en général vers les 50 ouvrières.



Pour les élever, je recommande une température de 25-28 °C, une humidité modérée avec un gradient pour permettre le stockage des graines et la fabrication du pain, il faut toujours qu'une partie du nid soit totalement sèche, pour les jeunes fondations vous pouvez proposer deux tube à essai, un avec réserve d’eau et un sec comme montré sur les photos. Le nid doit être robuste, car ces fourmis sont de véritables « foreuses » qui peuvent creuser une grande variété de matériaux.
Leur essaimage a lieu en automne en Septembre et Octobre, et une diapause de 4 mois à 7-10 °C est nécessaire pour respecter leur cycle naturel, souvent de début Novembre à fin Février.

Au niveau de la nourriture donnez leur des graines jusqu'à ce qu'elles se constituent un beau grenier, des insectes frais en quantité qui sont coupés en deux pour faciliter l’accès à la chair des jeunes colonies et surtout ne donnez jamais d’insectes vivants car ce ne sont pas une espèce chasseuse.
La dernière chose à penser est de toujours leur laisser un abreuvoir à eau dans l’aire de chasse pour leur faciliter la création du pain de fourmis. Pour les abreuvoirs vous pouvez les fabriquer avec un tube à essai ou me les acheter sur ma boutique ACCESS FOURMIS.

Messor barbarus est-elle adaptée aux débutant ?
Je pense que cette espèce n’est pas la plus adaptée aux débutants, notamment aux jeunes éleveurs impatients car cette fourmi est très sujette au stress, la moindre petite variation les fait courir dans tous les sens avec la reine qui sort du nid et le couvain mis en pagaille. D’un autre côté je trouve que leur diapause se fait plus facilement que d’autres espèces, le fait qu’elles stockent de grandes quantités de graines les rend plus résistantes au manque de nourriture.
Astuce d’élevage : congelez les graines 48 heures avant de les donner pour éviter les acariens, un ennemi redoutable en captivité !
Et enfin si vous êtes tenté par l'élevage de Messor barbarus je vous invite à découvrir ma playlist de tutoriels sur YouTube intitulée "Guide fourmi : Messor barbarus". Les vidéos qu'elle contient détaillent chaque étape dans la fondation d'une reine seule Messor barbarus jusqu'à l'arrivée des premières ouvrières et la gestion d'une colonie plus développée. Que vous soyez débutant ou passionné, cette série est faite pour vous aider à réussir votre aventure myrmécologique !
Je vous insère dans cet article le premier épisode de cette série.

Messor structor : La messor polygyne

Messor structor est une espèce plus nordique, présente jusqu’au centre de la France et même en Belgique ou en Allemagne. De couleur brune à noirâtre, elle est plus petite que Messor barbarus (ouvrières de 5,4 à 9,2 mm). Dans la nature, elle vit dans des milieux ouverts riches en graminées, creusant des nids directement dans le sol ou sous des pierres. Contrairement à Messor barbarus, elle est souvent polygyne, avec plusieurs reines par colonie, ce qui la rend unique parmi les Messor françaises.

Dans mes élevages, Messor structor m’a surpris par sa facilité d’entretien, bien que la fondation puisse être délicate sans plusieurs reines, dans mon cas le développent s’est bien déroulé en reine seule. Elles m’ont l’air moins timide que mes Messor barbarus et leur développement est tout aussi fascinant. Je maintiens cette colonie à température ambiante, avec une humidité moyenne et une diapause obligatoire de 4 mois à 6-10 °C. Leur régime granivore est similaire, en pensant à toujours leur donner des insectes en quantité pour le bon développement du couvain et leur laisser un abreuvoir à eau pour faciliter la fabrication du pain de fourmis.

Astuce d’élevage : Si vous débutez avec Messor structor, envisagez une fondation en pléométrose (plusieurs reines) pour augmenter les chances de succès. J’aimerais de mon côté essayer de faire adopter une reine supplémentaire à ma colonie mais je n'en ai pour l'instant pas trouvé pendant les essaimages.

Messor capitatus : la plus grande Messor française
Messor capitatus est la plus grande des Messor françaises, avec des majors pouvant atteindre 14 mm, surpassant même ceux de Messor barbarus. D’un noir luisant, elle est présente dans le tiers sud de la France, remontant jusqu’au sud de la Bretagne. Dans la nature, elle partage son biotope avec Messor barbarus et Messor bouvieri, mais supporte mieux les hivers rigoureux, ce qui lui permet une répartition plus étendue. Ses pistes de fourragement sont spectaculaires, et ses nids, repérables par des monticules de débris, témoignent de colonies très populeuses.
Cette espèce est très appréciée en captivité pour sa facilité d’élevage et son polymorphisme marqué. Les conditions d’élevage sont similaires à celles de Messor barbarus : 24-27 °C, humidité moyenne, et une diapause de 4 mois, de début Novembre à fin Février à 6-10 °C. Leur régime granivore est complété par des insectes ou des fruits mûrs, et leur développement est réputé plus rapide que celui de Messor barbarus.
Comportement en nature : une organisation impressionnante
Dans leur habitat naturel, les Messor sont des architectes hors pair. Leurs nids souterrains, complexes, incluent des greniers où les graines sont stockées à l’abri de l’humidité pour éviter la germination. Les ouvrières forment des « autoroutes » à double sens, parfois longues de plusieurs dizaines de mètres, pour transporter les graines. Les majors, avec leurs mandibules puissantes, jouent un rôle clé dans le broyage des graines dures, tandis que les minors et medias assurent la logistique.
Élevage des Messor : Une aventure accessible
Élever des Messor est une expérience gratifiante, même pour les débutants, du moment qu’ils sont patients et ne stressent pas leur colonie.
Leur régime granivore simplifie l’alimentation : un mélange de graines pour canaris, des graines de lin ou des graines indigènes (pissenlit, violette) font l’affaire, si vous voulez vous fournir en graine j’en vends sur ACCESS FOURMIS. Attention toutefois à ne pas suralimenter une jeune colonie, car cela attire les acariens, pensez à retirer 1 à 2 fois par semaine les résidus de nourriture abandonnés dans l’aire de chasse. Les nids doivent être robustes avec des salles d’au moins 1 cm de profondeur pour accueillir les greniers et les autres besoins de la colonie.
Pourquoi élever des Messor ?
Les Messor sont idéales pour les myrmécophiles grâce à leur comportement fascinant et leur résistance. Messor barbarus peut convenir aux débutants consciencieux, tandis que Messor structor offre une touche d’originalité avec sa polygynie. Messor capitatus, bien que plus rare, séduira ceux qui recherchent une espèce imposante. Mes colonies de Messor barbarus et Messor structor m’ont surpris par leur capacité à recruter rapidement des ouvrières pour créer de beaux greniers greniers dans leur nid ou leur tube.
Conclusion : Lancez-vous dans l’Aventure Messor !
Que vous soyez novice ou éleveur confirmé, les Messor offrent une fenêtre unique sur le monde des fourmis. Leur comportement de moissonneuses, leur polymorphisme et leur adaptabilité en font des compagnes idéales pour l’élevage.
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