Découvrir les Camponotus : nos fascinantes fourmis charpentières françaises
- GigaFourmis
- 10 mai
- 9 min de lecture
Bienvenue sur Gigafourmis.fr, le blog dédié aux passionnés de myrmécologie et à ceux qui souhaitent plonger dans l’univers captivant des fourmis ! Aujourd’hui, je vous emmène à la découverte du genre Camponotus, ces fourmis charpentières impressionnantes qui dominent par leur taille et leur comportement unique.
En tant qu’éleveur passionné, j’ai eu la chance d’élever plusieurs espèces endémiques de France, comme Camponotus aethiops, piceus, vagus, ligniperda et cruentatus, avant de les vendre pour faire de la place dans ma pièce d'élevage. Dans cet article, je vais vous présenter ces espèces, leur comportement en nature et en captivité, et pourquoi elles sont fascinantes à élever. Préparez-vous à être émerveillé par ces géantes de nos régions !

Qu’est-ce que le genre Camponotus ?
Le genre Camponotus est l’un des plus diversifiés au monde, avec plus de 1000 espèces décrites à ce jour. En France, plusieurs espèces se distinguent par leur taille imposante, leur polymorphisme (différentes castes d’ouvrières : minor, media, major) et leur comportement fascinant. Surnommées « fourmis charpentières » en raison de leur habitude à creuser des galeries dans le bois, ces fourmis jouent un rôle clé dans les écosystèmes forestiers. En élevage, elles séduisent par leur robustesse, leur facilité d’entretien (pour certaines) et leur comportement observable comme la trophallaxie (je vous montre ça en photo plus bas dans ce post).
Dans cet article, je me concentre sur les espèces françaises les plus courantes en élevage, celles que j’ai personnellement chouchoutées dans mes formicariums. Si d’autres espèces comme Camponotus fallax existent en France, je ne les ai pas personnellement élevées, mais je les mentionnerai brièvement pour compléter le tableau.
Les espèces de Camponotus endémiques de France en élevage
1. Camponotus aethiops : La géante facile à élever

Camponotus aethiops est une de mes espèces préférées car c'est la toute première espèce de fourmis (avec la Pheidole pallidula) que j'ai trouvée moi-même lorsque je me suis lancé dans l'élevage. Ces fourmis, d’un noir brillant, mesurent entre 6 et 13 mm pour les ouvrières selon leur caste, avec une reine atteignant 13 mm. En nature, on les trouve dans des milieux variés, des prairies aux lisières forestières, où elles construisent des nids dans le sol ou sous les pierres. Elles se nourrissent de miellat, d’insectes et de liquides sucrés.
En élevage, C. aethiops peut convenir aux débutants les plus patients. Les 2-3 premières années de développement sont plutôt lentes par rapport à d’autres espèces, mais elles sont tolérantes et faciles à nourrir, bien que timides durant les débuts, les miennes étaient moins farouches dès qu'elles dépassaient les 20-30 ouvrières mais avant ça on ne pouvait les observer sortir du nid que de nuit.
On peut les élever à température ambiante avec une hygrométrie modérée pour les maintenir en bonne santé, j'aimais bien leur proposer deux tubes à essai, un avec réserve d'eau et un sec, lorsque la colonie commençait à avoir plus de 10 ouvrières.
2. Camponotus piceus : espèce discrète et polyvalente

Camponotus piceus est une espèce plus petite (ouvrières de 5 à 9 mm) mais tout aussi captivante. En nature, elle niche dans des sols sablonneux ou sous des pierres, souvent dans des zones sèches. Son régime alimentaire est similaire à celui des autres Camponotus : liquide sucré, miellat et insectes morts. Ce qui m’a marqué avec mes colonies de C. piceus, c’est à la fois leur discrétion durant les débuts et ensuite leur efficacité à recruter pour exploiter les ressources une fois qu'elles se sont un peu développées et deviennent moins timides.
En captivité, cette espèce est peu exigeante. Mes colonies prospéraient dans de petites installations composées de 2 tubes à essais (un sec et un humide) reliés à une mini aire de chasse, bien que j'aurais pu leur en proposer une plus grande. Elles acceptent une grande variété d’aliments, des liquides sucrés aux protéines avec une préférence pour les blattes redrunners fraichement tuées.
Leur essaimage a lieu en mai, j'avais personnellement trouvé mes deux reines (avec lesquelles j'avais lancé deux colonies distinctes) dans une piscine en train de se noyer comme expliqué dans ce tutoriel vidéo. Si vous cherchez une Camponotus discrète mais active, C. piceus est un excellent choix.
3. Camponotus vagus : La star des charpentières

Camponotus vagus est sans doute l’espèce la plus emblématique que j’ai élevée. Avec des ouvrières allant de 7 à 18 mm et une reine imposante (jusqu’à 20 mm), cette fourmi noire mate à la pilosité blanche prononcée est un véritable best-seller en France. En nature, elle préfère les forêts chaudes et les clairières, où elle creuse des nids dans les troncs d’arbres morts ou les souches. Elle est agressive et n’hésite pas à défendre son territoire avec ses mandibules puissantes et son acide formique.
En élevage, C. vagus est une espèce robuste et dynamique. Ma colonie était très active, à condition de respecter leur diapause obligatoire (de début novembre à fin février/début mars à 6-10°C). J’utilisais d'abord un nid en bois Foranto qu'elles avaient réussi à me creuser ce qui fait que je les avai ensuite déménagés dans un nid imprimé en 3D de chez FOURMIS SHOP. Leur alimentation est variée : eau sucrée, gelées, insectes, et même de la viande du moment qu'elle n'est pas salée (attention à la charcuterie) ! Si vous débutez, c’est une espèce parfaite, car elle pardonne les petites erreurs tout en offrant une variété de comportements passionnants.
4. Camponotus ligniperda : La reine des montagnes

Camponotus ligniperda est la plus grande espèce française et arbore des couleurs spectaculaires, son thorax est rouge vif et son corps noir brillant. Les ouvrières mesurent 7 à 14 mm, et les reines sont plus imposantes. En nature, elle est montagnarde, nichant à la lisière des forêts ou en altitude (jusqu’à 2100 m) dans des souches ou des troncs. Elle est adaptée aux climats froids, avec une diapause longue de 5 à 7 mois.
En élevage, C. ligniperda bien que peu timide demande de la patience. Ma colonie mettait du temps à démarrer, mais une fois que les premières 10 ouvrières étaient nées, elle était magnifique et peu farouche pour une si jeune colonie. Leur diapause endogène (déclenchée par leur horloge biologique) est cruciale et doit durer 6 mois. Elles préfèrent une température de 19-25°C et une hygrométrie moyenne. Nourrissez-les avec des liquides sucrés et des insectes, mais soyez prêt à attendre plusieurs années pour une colonie bien populeuse. C’est une espèce pour les éleveurs patients car on ne peut l'observer en activité que 6 mois dans l'année.
5. Camponotus cruentatus : ma camponotus française préférée

Camponotus cruentatus est l'espèce française de ce genre que je préfère, la reine et les majors sont énormes. Leur couleur gris-noir avec des segments orange sur le gastre est saisissante. En nature, elles vivent dans le sud de la France, dans des milieux méditerranéens, où elles nichent dans le sol ou sous les pierres. Ce sont des fourmis défensives, chassant activement des insectes et récoltant du miellat. De ce que j'ai pu observer en nature, contrairement à d'autres espèces, ces fourmis ne font pas de recrutement massif mais fourragent plutôt en solitaire ou par petit groupe.
En captivité, C. cruentatus est un régal à observer. Ma colonie était vorace, dévorant des insectes (blattes, grillons) et des mélanges de sirop (eau/sirop bio). Je les élevais dans une boîte en plastique servant d'aire de chasse dans laquelle j'avais installé 2 tubes à essais humides qu'elles me remplissaient. Juste avant de les vendre je les ai déménagés dans un nid béton cellulaire.
Leur vitesse de développement est moyenne, mais leur colonie peut atteindre 10 000 individus lorsqu'elle est mature. Si vous n'habitez pas dans une région où cette espèce est endémique il faudra chauffer un peu la colonie avec toujours une hygrométrie moyenne. Attention à leur agressivité : les majors n’hésitent pas à attaquer tout intrus proche de l'entrée du nid.

Autres espèces françaises : C. herculeanus, C. fallax et plus
D’autres espèces de Camponotus existent en France, comme la Camponotus herculeanus, dont j'ai eu une reine avec laquelle j'ai échoué la fondation (elle venait d'une boutique aux pratiques douteuses). Elle est proche de ligniperda mais est plus nordique et préfère les forêts froides. J'ai aussi trouvé à mes débuts une reine Camponotus lateralis dont j'ai aussi échoué la fondation, cette espèce est moins courante en élevage. Ensuite il y a d'autres espèces que je n'ai jamais élevées comme la Camponotus fallax, qui est plus petite, elle niche dans les arbres et est connue pour sa rapidité. Ces espèces partagent des traits similaires aux autres espèces de Camponotus françaises, mais leur élevage peut être plus technique, surtout pour les débutants.
Comportement des Camponotus : Nature vs Élevage
En nature :
Dans leur habitat naturel, les Camponotus sont des omnivores opportunistes. Elles régulent les populations d’insectes en chassant et consomment du miellat produit par les pucerons, jouant ainsi un rôle écologique important. Leur comportement varie selon l’espèce :
- C. vagus et C. cruentatus sont agressives, défendant leur nid avec vigueur.
- C. ligniperda est plus discrète, préférant les zones montagneuses.
- C. aethiops et C. piceus sont ubiquistes, s’adaptant à divers biotopes.
Leurs nids, souvent lignicoles (dans le bois) ou terricoles (dans le sol), témoignent de leur capacité à transformer leur environnement. L’essaimage a lieu au printemps et en été (de mai à juillet pour la plupart), avec des sexués passant parfois l’hiver dans le nid avant de s’envoler.
En élevage :
En captivité, les Camponotus révèlent tout leur potentiel. Voici ce que j’ai appris en élevant mes colonies :
- Facilité d’observation : Leur grande taille et leur polymorphisme rendent chaque interaction dans la fourmilière fascinante. Les majors de C. vagus ou C. cruentatus sont particulièrement impressionnants.
- Diapause obligatoire : Toutes les espèces françaises nécessitent une période de repos hivernal (3-7 mois selon l’espèce). Mes colonies ralentissaient naturellement leur activité en septembre-octobre, signe qu’il était temps de préparer la diapause.
- Alimentation variée : Liquides sucrés, insectes congelés (blattes et grillons de préférence) et des aliments (appréciés mais non obligatoires) en complément comme la gelée sucrée ou de la viande (sans sel) faisaient leur bonheur.
- Nids adaptés : J’utilisais des tubes à essais, des nids en béton cellulaire, en bois ou des modules imprimés en 3D. Les espèces lignicoles comme C. vagus adorent creuser, alors prévoyez des matériaux robustes.

Pourquoi élever des Camponotus ?
Élever des Camponotus, c’est entrer dans un monde où chaque colonie raconte une histoire. Voici pourquoi je vous recommande ces fourmis :
- Accessibilité : C. vagus et C. aethiops sont idéales pour les débutants grâce à leur robustesse.
- Spectacle garanti : Leur taille et leur comportement actif (chasse, défense, soins au couvain) captivent petits et grands.
- Écologique : En choisissant des espèces endémiques vous évitez de participer (sans le vouloir) à de mauvaises pratiques comme le pillage qui est parfois utilisé pour trouver des espèces exotiques.
- Défi pour les experts : C. ligniperda ou C. lateralis demandent plus de rigueur, parfait pour les éleveurs expérimentés.
Conseils pour débuter avec les Camponotus
1. Choisissez la bonne espèce : C. vagus ou C. aethiops pour les novices, C. ligniperda pour les patients.
2. Préparez la diapause : Un garage, un frigo ou une cave à vin est idéal pour l’hivernage.
3. Variez l’alimentation : Alternez le type de liquides sucrés et de protéines pour une colonie en bonne santé. Veillez à toujours proposer ces deux types d'alimentation en quantité adaptée pour que d'une part toutes les ouvrières puissent se nourrir et d'autre part qu'elles aient assez de protéines pour bien alimenter le couvain.
4. Adaptez le nid : Commencez avec un tube à essai pour la fondation, puis passez à un nid en béton, imprimé en 3D ou en bois quand la colonie a assez grandit.
5. Soyez patient : Le développement des Camponotus est en général assez long les premières années.
Conclusion : Plongez dans l’aventure Camponotus !
Les Camponotus sont bien plus que des fourmis : ce sont des architectes, des guerrières et des travailleuses infatigables. Mes quelques années d’élevage avec les Camponotus m’ont appris à apprécier leur diversité et leur résilience. Que vous soyez novice ou expert, ces géantes françaises sauront vous captiver.
Pour découvrir ces espèces en image, j’avais fait il y a quelques temps une vidéo faisant le tour de mes fondations de Camponotus endémiques. Vous y verrez leurs comportements, leurs installations et comment elles mangent ! Restez connecté sur Gigafourmis.fr et suivez-moi sur mes réseaux sociaux sous le nom de @GIGAFOURMIS pour plus de conseils, d’astuces et de suivi de mes élevages des fourmis. Si vous voulez soutenir mon travail et vous fournir en matériel d'élevage vous pouvez passer commande sur ACCESS FOURMIS, merci à tous.
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