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Un an d’élevage de mes fourmis tisserandes (Oecophylla smaragdina) : Mon expérience et mes conseils

  • Photo du rédacteur: GigaFourmis
    GigaFourmis
  • il y a 4 jours
  • 7 min de lecture

Cela fait maintenant un an que j’élève une colonie de fourmis tisserandes de l’espèce Oecophylla smaragdina, provenant de chez mon partenaire Ant&Co. Avec une colonie qui compte aujourd’hui entre 200 et 300 ouvrières, je commence à avoir un bon aperçu de cette espèce fascinante, même si un an reste une durée relativement courte pour prétendre tout maîtriser.


Dans cet article, je partage mon expérience, mes observations et mes conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’élevage de cette espèce unique.


Photo macro d'une ouvrière Oecophylla smaragdina par Ant Passionnant.
Photo macro d'une ouvrière Oecophylla smaragdina par Ant Passionnant.

Qu’est-ce qu’une fourmi tisserande et en quoi est-elle différente ?


Les fourmis tisserandes de l’espèce Oecophylla smaragdina, sont des fourmis tropicales originaires d’Asie et d’Australie. Contrairement aux fourmis « classiques » comme les Lasius, elles se distinguent par leur comportement unique : elles tissent des nids en soie à partir de feuilles ou d’autres supports, en utilisant la soie produite par leurs larves. Ce sont des fourmis arboricoles, ce qui les rend particulièrement adaptées à un environnement en hauteur, et elles sont réputées pour leur intelligence et leur agressivité lorsqu’il s’agit de défendre leur territoire.


Elles tissent des toiles à l'entrée des tubes.
Elles tissent des toiles à l'entrée des tubes.

Physiquement, elles se démarquent par leur apparence élancée et élégante. Mes fourmis, originaires d’Asie, arborent une belle teinte orangée, contrairement à leurs cousines australiennes qui tirent davantage sur le vert. Cette différence de couleur est liée à leur répartition géographique, mais il s’agit bien de la même espèce. Leur façon de bouger leur tête et leurs antennes, avec des mouvements fluides et des pattes semblant adhérer comme des ventouses, donne l’impression qu’elles sont dotées d’une intelligence supérieure aux autres fourmis. Quand je dois les manipuler à la pince, lorsque par exemple, je dois les nourrir et que certaines ouvrières en profitent pour me monter dessus, je ressens cette adhérence particulière impossible à décrire précisément à l’écrit.


Une grande ouvrière de mon élevage.
Une grande ouvrière de mon élevage.

Les bases de l’élevage des fourmis tisserandes


Le terrarium dans lequel j'élève ma colonie de fourmis tisserandes, il me tarde de l'agrandir.
Le terrarium dans lequel j'élève ma colonie de fourmis tisserandes, il me tarde de l'agrandir.

Élever des Oecophylla smaragdina demande un peu plus d’attention que pour des espèces plus communes, mais c’est une expérience incroyablement enrichissante. Voici les bases pour réussir leur élevage :


1. Type de terrarium

Il existe deux grandes approches pour élever ces fourmis :

- Terrarium simple avec tubes à essai : C’est l’option que j’ai choisie. J’ai fixé 6 tubes à essai (3 avec une réserve d’eau et 3 secs) sur les parois d’un terrarium en verre de 20 x 20 x 30 cm à l’aide de Patafix. Au début je n’utilisais que 2 tubes, mais plus la colonies à grandit, plus je leur ai proposé. Cette configuration est pratique pour observer leur comportement, mais je remarque que le terrarium commence à être petit et se salit rapidement. J’envisage de passer à un terrarium bioactif planté plus grand dès que j’aurai agrandi ma pièce d’élevage (d’ici quelques mois), pour leur permettre de tisser des feuilles comme elles le feraient dans la nature.

- Terrarium bioactif planté : Cette option est idéale pour observer leur comportement de tissage. Les fourmis utilisent les feuilles des plantes pour créer des nids en soie, un spectacle impressionnant. ce type de terrarium est aussi plus facile à entretenir, car la micro-faune va aider à décomposer une grande partie des déchets des fourmis.


Des gros morceaux de Patafix suffisent pour fixer les tubes en l'air.
Des gros morceaux de Patafix suffisent pour fixer les tubes en l'air.

2. Température et humidité

Les Oecophylla smaragdina sont des fourmis tropicales, elles ont donc besoin d’une température chaude (entre 24 et 28 °C) et d’une humidité modérée à élevée (environ 60-80 %). Pour maintenir l’humidité, je veille à ce que les réserves d’eau dans les tubes soient toujours remplies. Quand un tube est vide, je le remplace par un nouveau tube avec une réserve d’eau pleine.


Elles ont également un abreuvoir à eau qui est positionné en hauteur grâce à une plateforme aimantée.
Elles ont également un abreuvoir à eau qui est positionné en hauteur grâce à une plateforme aimantée.

3. Anti-évasion

Les fourmis tisserandes sont des championnes de l’évasion, et j’ai testé plusieurs méthodes pour les contenir :

- Fluon : Ça n’a pas fonctionné pour moi, elles arrivent à le franchir sans problème.

- Talcool : Même constat, inefficace avec elles, ce qui est rare avec cet anti évasion qui stoppe généralement mes fourmis les plus agiles.

- Huile de paraffine : dans mon élevage c’est la seule méthode qui fonctionne, mais seulement temporairement. J’ai l’impression qu’elles évitent l’huile non pas parce qu’elles ne peuvent pas la franchir, mais parce qu’elles n’aiment pas se salir les pattes ! Je suis obligé d’en remettre régulièrement.


Leur capacité à se faufiler dans les moindres interstices, comme les aérations du terrarium, rend leur confinement difficile. Preparez-vous à avoir des évasions si vous optez pour cette espèce.


J'applique de l'huile de paraffine autour de l'entrée du terrarium et des aérations.
J'applique de l'huile de paraffine autour de l'entrée du terrarium et des aérations.

4. Nourriture

Pour nourrir ma colonie, j’utilise des plateformes aimantées fixées en hauteur dans le terrarium. Au début, quand la colonie était encore timide, c’était essentiel, car elles hésitaient à aller chercher la nourriture au sol. Aujourd’hui, elles sont beaucoup plus audacieuses et n’hésitent pas à récupérer la nourriture même au sol.


Leur régime alimentaire se compose de :

- Liquide sucré : sirop bio dilué dans une préparation bien liquide

- Insectes d’élevage : Grillons, blattes, criquets et vers de farine (ou morceaux de vers morios).

- Gelée sucrée : De temps en temps, en petite quantité pour varier.

- Abreuvoir à eau : Toujours disponible pour leur permettre de s’hydrater.


Distribution de liquide sucré dans un abreuvoir Access fourmis.
Distribution de liquide sucré dans un abreuvoir Access fourmis.

5. Nettoyage du terrarium

Les fourmis tisserandes produisent de petites déjections vertes qu’elles laissent partout : sur les tubes, les abreuvoirs, les vitres, le sol, et même le plafond du terrarium. Elles abandonnent également des carcasses d’insectes au sol. Environ une fois par mois, je nettoie les vitres et tous les déchets avec du coton mouillé pour maintenir un environnement propre, j'enlève l'excédent d'eau avec du sopalin pour limiter les traces de calcaire. Voici une vidéo où je montre à quoi ressemble ce nettoyage :



Mon expérience après un an : une colonie qui évolue rapidement


Quand j’ai reçu ma colonie, elle était très timide. Les ouvrières restaient cantonnées aux tubes à essai et hésitaient à explorer. Aujourd’hui, après un an, elles sont devenues beaucoup plus audacieuses, voire agressives. Lors des nettoyages, elles n’hésitent pas à m’attaquer pour défendre leur territoire, en me mordant et en appliquant de l’acide formique à l’endroit où elles m’attaquent, pour se faire elles font basculer leur gastre au dessus de leur tête à la manière d’un scorpion qui voudrait se servir de son dard. Ce comportement défensif est typique de l’espèce, il est cependant inoffensif pour nous autres éleveurs. Pour vous illustrer mes propos, je vous insère une autre vidéo courte juste en dessous :



Le développement de la colonie est impressionnant. Le couvain est abondant, et les nymphes, qui sont nues (sans cocon), se développent rapidement. Cette croissance rapide est à la fois fascinante et intimidante, car dans la nature, les colonies d’Oecophylla smaragdina peuvent atteindre 100 000 ouvrières ! En élevage, cela signifie qu’il faut anticiper un espace suffisant et une gestion rigoureuse pour éviter d’être débordé, même si à long terme, le débordement est quasiment inévitable, si jamais l’élevage de cette espèce vous intéresse, réfléchissez y bien avant de passer le pas !


Les fourmis tissent de la soie à l’aide de leurs larves, principalement entre les tubes et à leurs entrées. Depuis que j’ai remplacé quelques tubes récemment, il y en a un peu moins, mais c’est toujours un spectacle captivant. Elles vivent à la fois dans les tubes et dans les espaces en soie qu’elles créent, ce qui donne une dynamique unique à leur colonie.


Depuis que j'ai remplacé certains tubes à essai, j'ai beaucoup moins de soie, mais si vous allez voir mes vidéos, vous verrez qu'il y en avait partout autour des tubes.
Depuis que j'ai remplacé certains tubes à essai, j'ai beaucoup moins de soie, mais si vous allez voir mes vidéos, vous verrez qu'il y en avait partout autour des tubes.

Après quelques mois d’élevage, j’ai remarqué une nette évolution dans le comportement de mes Oecophylla smaragdina. Quand la colonie était jeune, je voyais rarement les ouvrières récolter de la nourriture, ce qui est tout à fait normal pour une colonie en phase de fondation. Après avoir déposé à manger, je devais attendre longtemps avant de voir des ouvrières actives.


Mais une fois passé le cap des 100 premières ouvrières, leur activité a explosé ! Désormais, la colonie est en perpétuel mouvement : elles explorent constamment le terrarium et se précipitent sur la nourriture dès que je la dépose et peu importe l’endroit dans lequel elle est, alors qu’à leurs débuts, il était impératif de les nourrir en hauteur sur les plateformes.


Et ce qui est cool, c’est que comparées aux autres espèces que j’élève, comme mes Camponotus, mes fourmis tisserandes ne boudent pas les vers de farine, alors que généralement c’est un insecte qui est difficilement accepté par les jeunes colonies de la plupart des espèces.


Les défis de l’élevage des fourmis tisserandes


Élever des Oecophylla smaragdina n’est pas de tout repos. Leur tendance à s’évader et leur croissance rapide en font une espèce exigeante. Si vous débutez dans la myrmécologie ou dans l’élevage d’espèces exotiques, je vous conseille de commencer avec une fourmi plus facile à gérer.


Cela dit, leur comportement unique et leur élégance en valent la peine. Leur façon de se déplacer, très gracieuses, et leur intelligence apparente (on dirait qu’elles réfléchissent avant d’agir !) me fascinent à chaque observation. C’est une espèce qui ne laisse personne indifférent.


Quelque chose de très sympa à essayer avec cette fourmi, c’est que l’on peut donner des proies aux ouvrières postées sur les parois, elles l’attraperont et la maintiendront en l’air sans la faire tomber jusqu’à la ramener dans un des tubes.


Les fourmis maintiennent une grosse blatte redrunners à l'entrée de l'un de leurs tubes.
Les fourmis maintiennent une grosse blatte redrunners à l'entrée de l'un de leurs tubes.

Suivez-moi dans cette aventure !


Après un an d’élevage, je suis plus que jamais passionné par mes Oecophylla smaragdina, je pense que d’ici quelques mois, elles pourraient devenir une des espèces phares de la chaîne. Leur développement rapide m’a surpris, comme je l’explique dans cette vidéo YouTube dédiée à ma colonie :



Si vous êtes curieux de suivre l’évolution de ces fourmis ou de découvrir d’autres conseils sur l’élevage de manière générale, rejoignez-moi sur mes réseaux sociaux sous le nom de @GIGAFOURMIS (Instagram, YouTube, etc.). Si vous voulez acheter des reines ou colonies vivantes pour l’élevage, allez voir du côté de mon partenaire Ant&Co, et enfin, un grand merci à Ant Passionant qui m’a prêté des photos pour illustrer cet article, vous pouvez consulter son compte Instagram en cliquant ici.


Merci d’avoir lu mon article et pensez à me partager vos propres expériences avec cette espèce en commentaire ou sur les réseaux !


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