Mon aventure avec Crematogaster scutellaris et mes conseils pour réussir son élevage
- GigaFourmis
- 13 mai
- 7 min de lecture
Bienvenue sur GIGAFOURMIS.FR, le blog où je partage ma passion pour l’élevage des fourmis ! Aujourd’hui, je vous emmène dans mon univers avec un article dédié à Crematogaster scutellaris, une espèce qui a marqué mes débuts dans la myrmécologie et que j’affectionne tout particulièrement. À travers mon expérience personnelle, agrémentée de photos de mes colonies, je vais vous raconter pourquoi cette fourmi est à la fois captivante et exigeante. Que vous soyez novice ou éleveur chevronné, découvrez mon aventure dans l’élevage de cette espèce !

Pourquoi Crematogaster scutellaris est si spéciale à mes yeux ?
Crematogaster scutellaris est la première espèce que j’ai élevée, et elle occupe une place unique dans mon cœur. Cette fourmi méditerranéenne, avec son gastre en forme de pic qu’elle relève quand elle est stressée, est un véritable spectacle à observer. Résistante, élégante et incroyablement active, elle m’a appris les bases de l’élevage de fourmis.
Dans la nature, on la trouve dans le sud de la France, souvent dans les milieux chauds et secs, où elle forme des colonies impressionnantes nichées sous les écorces, dans le bois mort ou dans les zones pavillonnaires à l’intérieur de fissures dans les murs. J’ai même un pote qui avait une colonie qui s’était installée dans le mécanisme de son portail électrique ce qui l’avait fait tomber en panne, Crematogaster 1 - portail 0.
Mes débuts : une première reine et une leçon d’humilité
Mon histoire avec Crematogaster scutellaris a commencé quand j’étais collégien. À l’époque, ma mère, qui me soutenait dans ma passion pour l’élevage d’animaux comme raconté dans cet article, m’a offert une reine achetée sur une boutique en ligne.
J’étais excité à l’idée de démarrer ma première colonie, mais la déception fut rapide : la reine n’a jamais pondu et est morte peu de temps après. Sans photo pour immortaliser ce moment, il ne me reste que le souvenir de cet échec qui sur le moment m’a profondément découragé. J’ai mis ma passion pour les fourmis de côté pendant des années, pensant que l’élevage n’était pas fait pour moi. Ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai décidé de retenter l’aventure.
Ma première vraie colonie : un succès fulgurant et une erreur fatale
Quelques années plus tard, ma mère a récidivé en m’offrant à nouveau des Crematogaster scutellaris À cette époque je souhaitais ré élever des animaux après une longue pause et elle m’avait proposé de m’acheter ce dont j’avais besoin. Cette fois, nous l’avions achetée à un particulier sur Facebook, qui collectait des reines tombées dans sa piscine dans le sud de la France (c’est lui qui m’a appris cette technique que je vous partage régulièrement). Lors du transport, une première ouvrière est née, un moment magique qui m’a donné envie de documenter cette aventure. C’est avec cette colonie que j’ai commencé à produire des vidéos sur TikTok, cherchant à faire découvrir ce hobby fascinant mais méconnu au grand public.
La colonie s’est développée à une vitesse impressionnante. En quelques mois, elle comptait plusieurs centaines d'ouvrières, un exploit pour un jeune éleveur comme moi. Ces fourmis étaient infatigables, explorant leur petite aire de chasse et s’occupant du couvain avec une coordination fascinante, ce qui m’avait également marqué était les gros stocks d’insectes qu’elles réduisaient en poudre et entreposaient dans un de leur tube à essai.
Mais dans mon enthousiasme, j’ai commis une erreur de débutant : je leur donnais trop souvent des insectes vivants comme nourriture, des éleveurs chevronnés m'ont prévenu mais j’étais trop têtu comme beaucoup de novices. Pensant stimuler leur instinct de chasse, je leur livrais en combat un peu tout et n’importe quoi, sans prendre de précautions et sans m’adapter aux besoins d’une jeune colonie : mouches, moucherons, moustiques, blattes redrunner et j’en passe. À ce stade, la colonie n’était pas assez mature pour gérer des proies vivantes régulièrement. Le stress, ou peut-être des parasites introduits par les insectes sauvages, a conduit à la perte de la colonie quelques temps après leur première diapause.
Cette expérience m’a appris une leçon essentielle : pour les jeunes colonies, et même dans l’élevage de manière générale, il faut privilégier des insectes déjà morts, la plupart des espèces de fourmis ne sont pas chasseuses par instinct mais plutôt opportunistes, les insectes vivants en élevage n’apportent en général que du stress dont nos colonies se passeraient bien.

Ma deuxième colonie : une réussite et un choix difficile
Ma deuxième expérience avec Crematogaster scutellaris a été bien plus concluante. Cette fois, j’ai trouvé la reine moi-même aux alentours de chez moi dans le sud de la France. Je ne me souviens plus du mois exact et du lieu où je l'ai trouvée, car j'en trouvais souvent, notamment sur des murs en pierre, ce qui fait que je lançais plusieurs fondations de cette espèce pour ensuite les offrir à des abonnés. Ce qui est sûr c'est que c’était pendant leur période d’essaimage entre fin août et mi-octobre.
Je l’ai installée dans un tube à essai, et après une diapause de 4 mois à environ 6-10 degrés, elle a commencé à pondre, puis un peu plus tard a eu ses premières ouvrières. C’est une particularité de cette espèce : les reines qui essaiment assez tard dans l’année ne produisent souvent leurs premières ouvrières qu’après la période de repos hivernal, sauf si on la saute et qu'on les chauffe (ce que je ne recommande pas).
La colonie s’est bien développée, avec un couvain abondant et des ouvrières hyperactives qui récoltaient très vite la nourriture que je leur donnais. Je les ai passés assez vite en module fondation de la marque FOURMIS SHOP, j'ajoutais ensuite des modules à l'installation quand elles manquaient de place.

Observer cette colonie était un vrai bonheur. Leur nid était toujours animé, et la manière dont elles élèvent leur abdomen en se déplaçant ou quand elles se sentent menacées me fascinait.




Malheureusement, j’ai dû me résoudre à vendre cette colonie, un choix difficile mais nécessaire. Avec d’autres espèces à fort développement comme Lasius emarginatus et Pheidole pallidula dans ma pièce d’élevage, je manquais de place et de temps pour m’occuper de toutes mes colonies. Crematogaster scutellaris forme des colonies énormes, pouvant atteindre plusieurs milliers d’ouvrières en quelques années, et leur entretien devient vite chronophage. Ce fut une décision difficile, mais nécessaire comme expliqué dans cette vidéo.
Les besoins de Crematogaster scutellaris : mes conseils d’élevage
Élever Crematogaster scutellaris est une expérience enrichissante, mais il faut connaître ses besoins pour réussir. Voici mes recommandations, basées sur mon expérience et les comportements de l’espèce :
- Diapause : Bien que certains éleveurs affirment que cette espèce peut s’en passer, je recommande vivement une diapause annuelle de début novembre à fin février à 6-10°C. Dans la nature, les reines passent l’hiver au repos avant de fonder leur colonie, et j’ai remarqué que mes reines ne pondaient en général qu’après ce repos. Cela renforce aussi la longévité de la colonie. De manière générale une bonne diapause bien fraîche est très bénéfique pour la santé des fourmis françaises.
- Nid et environnement : Les Crematogaster scutellaris sont agiles et creusent facilement divers matériaux (plâtre, bois, etc.). Utilisez un nid robuste et sécurisé, car elles sont expertes en évasion, c’est sûrement l’espèce française qui s’évade le plus après la Pheidole pallidula !
Lorsque la colonie est à ses débuts on l’élève en tube de fondation avec réserve d’eau. Quand la colonie compte plusieurs dizaines d’ouvrières, on peut l’élever dans un nid ou tube à essais totalement sec, du moment qu’un abreuvoir à eau est à leur disposition dans l’aire de chasse. Une température de 25-28°C leur conviendra, en dessous elles auront du mal à se développer.
- Nourriture : Offrez du liquide sucré (sirop dilué) dans une gamelle avec du coton (pour eviter les noyades) et des protéines en quantité pour le bon développement du couvain (insectes morts comme des blattes redrunners, des grillons ou des vers de farine). Ne donnez pas des proies vivantes tant que la colonie ne compte pas plusieurs milliers d’ouvrières.
- Attention aux évasions : Leur petite taille et leur agilité en font des championnes de l’évasion. Appliquez une épaisse barrière anti-évasion (mélange de talcool ou fluon) sur les parois de l’aire de chasse.
Dans la nature, Crematogaster scutellaris est connue pour son comportement opportuniste. Elle chasse de petits insectes, récolte le miellat des pucerons et protège farouchement son territoire. Ses colonies peuvent devenir massives, colonisant des arbres, des structures en bois ou en pierre.
Pourquoi je recommande Crematogaster scutellaris (avec quelques mises en garde)
Je recommande Crematogaster scutellaris à tous les passionnés de fourmis, débutants comme confirmés qui cherchent une colonie peu timide à fort développement. Voici pourquoi :
- Résistance : Cette espèce est robuste et tolère bien les erreurs des débutants (sauf les insectes vivants en excès, comme je l’ai appris !).
- Beauté : Leur abdomen en forme de pic et leur démarche vive sont un régal à observer.
- Activité : Les colonies qui ont assez d'insectes et de chaleur, quand elles commencent à dépasser les 100-200 ouvrières, sont toujours en mouvement, offrant un spectacle constant.
Mais attention, cette espèce n’est pas sans défis. Les colonies deviennent rapidement énormes, nécessitant un espace conséquent, un budget pour tout le matériel qu’elle va demander (achat ou fabrication de nids, aires de chasse, anti évasion) et une alimentation quotidienne (notamment d’insectes). Leur agilité et leur capacité à creuser les rendent également difficiles à contenir, c’est une espèce qui arrivera à coup sûr à s’évader un jour ou l’autre. Réfléchissez bien avant de vous lancer !
Conclusion : Une espèce qui a forgé ma passion
Crematogaster scutellaris a été bien plus qu’une simple fourmi pour moi : elle a été le point de départ de ma passion pour la myrmécologie mais aussi de mon aventure sur les réseaux sociaux. De mes débuts difficiles à mes succès, en passant par mes erreurs, cette espèce m’a appris la patience, l’observation et l’humilité. Si vous vivez dans le sud de la France, guettez les reines entre fin août et mi-octobre (aidez vous de ce tutoriel vidéo), et lancez-vous dans l’aventure ! Avec un peu de soin et les bons réflexes, vous pourriez, vous aussi, tomber sous le charme de cette fourmi méditerranéenne.
Si vous voulez soutenir mon travail pensez à me suivre sur mes réseaux sociaux sous le nom de @GIGAFOURMIS (liens en bas de page) et visitez
ma boutique de matériel d’élevage ACCESS FOURMIS. Merci à tous !
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